56 rue Galilée

Release Date: 1996-01-01
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En bref …

Des chansons pour de rire
Des chansons pour de faux
Avec juste ce qu’il faut d’humour et de dérision
Pour camoufler une sensibilité à fleur de mots
Sans pour autant la cacher
paru le 1 janvier 1996

Paroles de cet album

Le Bar

C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai
Assis en robe couleur prune
À son comptoir en bois de lune
C’est Monsieur YIN qui vend du thé
Et du ginseng et du saké
Avec sa tresse au dos qu’il a
Parfumée d’huile aux camélias
C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai

Or sous son front ses yeux obliques
Et rangés comme un clavier blanc
C’est Monsieur YIN à la pratique
Qui sourit en montrant ses dents
Tandis que ses doigts ongles longs
Plongent dans un coffret de laque
Où sont peints en or des dragons
Que des serpents enroulés traquent
C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai

C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai
Pour en tirer péko, souchong
han-kai ou bien haisong
Selon que c’est thé vert ou noir
Qu’il agrée au client d’avoir
C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai
C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique au bout du quai
C’est monsieur YIN qui vend du thé
Dans sa boutique et du saké

Mais dans un long kimono rouge
Est la Madame YANG, sa femme
Avec du Kohl autours des yeux
Qui disent feu, qui jettent flammes
Et c’est le soir ceux des navires
Qui viennent prendre place à table
Boire le saké s’ils le désirent
Ou bien s ‘ils leur est agréable
Aimer venue la fin du jour
Jouir dans la chaleur du quai

C’est Monsieur YIN qui vend du thé
Et Madame YANG elle vend d’l’amour

56 rue Galilée

que la fête commence
56 rue Galilée
code porte
cour d’arrivée
quarante marches à monter
toc- toc- toc… entrez
permettez
j’viens voir si la terre est ronde

un éléphant vert
mais d’humeur plutôt morose
fait son entrée
qui dois-je annoncer
Jumbo grandes oreilles
Entrez
Entrez sans défenses
comme dans un plan sur la comète
comme Peter pan et fée clochette
En nue propriété

toc- toc- toc… entrez
permettez
j’viens voir si la terre est ronde

un caïman de bas étage
apparaît soudain par la porte B
bê-bê-bê-bê-bê
à qui ai-je l’honneur
capitaine crochet
entrez
entrez dans la danse
et tous à la baïonnette
mais toi si ça t’a sonné net
moi j’t’avais pas sonné

toc- toc- toc… entrez
permettez
j’viens voir si la terre est ronde

sa majesté la reine des pommes
arrive par le couloir jaune tapissé
je dois vous avouer
que vous semblez belle
dans votre habit d’hirondelle
drapée dans ce manteau de plumes
et vos ailes de canard laqué
mais je dois m’en aller

laquais donnez-moi la savonnette
j’ai besoin de laisser glisser
il faut préciser
fini les courbettes
pour le port de la casquette
veuillez agréer
salutations distinguées
car je dois m’en aller

que la fête commence
56 rue Galilée
code porte

que la fête commence
56 rue Galilée
code porte

que la fête commence
56 rue Galilée

Les mots

Les mots
Les mauvais jours à attendre
Les mots
Les mots d’amour, les mots tendres
Les mots
Qui nous enchaînent, qui nous délivrent
Les mots
Pour retrouver sa joie de vivre
Les mots
les mauvais coups à se prendre
Les mots
Les mots si doux à entendre
Les mots
Que l’on maudit, mots démodés
Les mots
Que l’on s’écrie sans les crier

Amour quand je t’écris c’est sur parole
Je jette l’ancre, je me console
Réveille moi je rêve encore d’écrire

Les mots
C’est souvent parler trop fort
Les mots
Dis de travers et à tort
Les mots
Que l’on se dit quand on est seul
Les mots
Que l’on se prend dans la gueule

Les mots
Comme une musique pour le silence
Les mots
Pour retomber en enfance
Les mots
Qui nous déchaînent, qui nous enivrent
Un jour
J’ai retrouvé ma joie de vivre

Amour quand je t’écris c’est sur parole
Je jette l’ancre, je me console
Réveille moi je rêve encore d’écrire

La complainte des dames assises

Immobiles du matin au soir
Personne n’a pu voir les caissières
Autrement que sur leur derrière
Assises derrière le comptoir
Papa, papa que vous en semble
Les caissières ont-elles des jambes ?
Nous voyons bien leur visage
Et les trésors de leur corsage
Nous n’en voyons pas d’avantage
Et peut-être que c’est dommage

Papa, papa que vous en semble
Les caissières ont-elles des jambes ?
Des jeunes hommes vêtus d’un smoking
Leur obéissent sur un signe
Ding, ding, ding…
Quand le client pressé s’indigne

Papa, papa que vous en semble
Les caissières ont-elles une langue ?
Et on peut crier auprès d’elles
Nos petits problèmes personnels
Ou sensationnelles nouvelles
Pas de danger pour qu’elles s’en mêlent
Jamais un mot, jamais un geste
Les caissières ne bougent pas
Les caissières ne parlent pas
Prennent-elles des repas ? et le reste ?

Papa, papa que vous en semble
Les caissières ont-elles une langue ?

Allez répondez-moi caissières
Pourquoi, pourquoi toujours vous taire
Pourquoi toujours cet air sévère
Le temps pourtant est éphémère
Le temps passe et ne revient plus
Alors pourquoi être immobiles
Sur cette chaise à cette caisse
Où se dessèche votre jeunesse
Mais les caissières sont peut-être
Des femmes cul-de-jatte et muettes

Papa, papa que vous en semble
Les caissières ont-elles des jambes ?

Joyeux Noël

Petit papa Noël
Quand tu descendras la poubelle
N’oublie pas de r’monter l’courrier
P’t’être que l’ chômage est arrivé
Petit papa Noël
Ce soir j’ai les boules de Noël
Et sous la neige artificielle
J’ai froid tout au fond de la moelle
Y’a les radiateurs qui battent de l’aile
Si ça continue j’vais boire d’l’antigel
JOYEUX NOËL.

Petit papa Noël
Tu sais mon fils s’est fait la paire
Je sais pas qui se fait sa mère
Mais ramène une jeune fille au père
Petit papa Noël
sur ma crèche il y a des scellées
Des guirlandes en fil barbelé
Et des conn’ries à la télé
J’ai mis mes sabots au congélateur
La voix de Tino sur le répondeur
PETIT PAPA NOËL

Petit papa Noël
Je n’ai pas envie d’aller au lit
Tout seul comme un vrai confetti
J’voudrais m’envoler comme E.T
Plus rien à fumer y’a plus un mégot
Je roule les épines dans l’papier cadeau

JOYEUX NOËL
JOYEUX NOËL
JOYEUX NOEL

Le loup dans la mare

Elle en monokini
Et mol en kimono
Elle dans sa robe du soir
Et moi dans mon vieux tacot
Série Macintosh
Panoplie gigolo
Car mon cœur fait tic-tac
Tic-tac tic-tac tic-tac
Elle est mon alibi
Et moi son mikado
Elle frissonne dans le soir
Devant mon complet carreaux
Faut dire que j’assure
Et puis je suis beau
Mais je suis pourtant bien loin
D’être à mon top-niveau

J’en ai marre
J’sals pas où j’ai mis l’nénuphar
Qui était planqué dans le cagibi
Chérie
Pas vu, pas pris
Peut-être II est parti
Elle me supplie et moi j’lui dis
Tant pis, c’est trop tard
Le loup est dans la mare
Au dessus du lavabo
Le loup s’appelle Icare
Tombe à pic, se tient à carreau
Série Chap’ron rouge
Couleur sang au couteau
Quand son cœur fait tic-tac
Tic-tac tic-tac tic-tac

Quand soudain redémarre
la voiture illico
Quand surgit dans le noir
La panoplie de Zorro
Celui qui rassure
Et frapp’ra KO
KO, t’es OK, t’es KO trente piges à zéro

J’en ai marre
J’sais pas où j’ai mis l’nénuphar
Qui était planqué dans le cagibi
Chérie
Pas vu, pas pris
Peut-être il est parti
Elle me supplie et moi j’lui dis
Tant pis, c’est trop tard

Elle en monokini
Et moi an kimono
Elle vivant chez Gérard
Et moi dans mon p’tit studio
Série Saint-Vincent
10 bis, Krakow and co
Mon cœur a fait tic-tac
Tic-tac tic-tac tic-tac
Et je m’souviens du soir
Du tout premier bécot
Cœur au fond du tiroir
Qui jouait Fort-Alamo
Chérie I love you
Et j’t’ai dans la peau
Mais je suis pourtant bien loin
d’être à mon top niveau

Les solitaires

Les solitaires se lèvent tard
Ils se font rares à se montrer
Ils ont le cœur comme un voyage
Pour le naufrage de leur passé
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires se font petits
Ils se maudissent je les vénère
Ils ont les yeux des résistants
Des militants déracinés
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires ne pleurent jamais
C’est la pudeur qui les sépare
Des autres gens qui ont dans leur tête
Des savonnettes et des placards
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires se font petits
Ils se maudissent je les vénère
Ils ont les yeux des résistants
Des militants déracinés
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires ne pleurent jamais
C’est la pudeur qui les sépare
Des autres gens qui ont dans leur tête
Des savonnettes et des placards
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires restent dans l’ombre
Dans la pénombre dans leurs maisons
Mais quand l’enfer est une chance
Alors silence devient pionnier
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

Les solitaires se lèvent tard
Ils se font rares à se montrer
Ils ont le cœur comme un voyage
Pour le naufrage de leur passé
Dans mon silence je fais le pas
Mais je n’suis pas désespéré.

C’est l’aventure d’être solitaire…

Mistigri

J’écris toutes les nuits
Pour oublier qu’la femme
Que l’aime et qui est dans mon lit
Dort…
Elle s’est évanouie
La fleur épanouie
Qui s’apaise et qui est dans mon lit
« Dors… »
Dodo…

Ré, mi, ta, sal, la, si
Docile, sage et endormie
II est minuit
A l’heure où tous les chats sont gris
Sortent les mistigris
Car c’est elle qui m’avait appris
Qu’à contre-temps les chats
Sont dans la danse

Et j’implore la dansa de Saint-Guy
De v’nir faire a noce dans mon lit !
Eh ! chérie…
Tu m’refais l’coup d’la descente de lit …
Bon tant pis…

J’écris toutes les nuits
Pour oublier qu’la femme
Que j’aime et qui est dans mon lit
Dort…

La noce

C’est ce soir que se marient
La puce et le pou
Le cloporte à la mairie
Unit les époux
La promise est fort bien mise
En jupe et en tricot
Le pou porte une chemise
De teinte abricot

Et sans cesse les convives
Chantent vivent, vivent
Vivent les époux…

Cependant le scolopendre
Qui fait les cent pas
Tape du pied, las d’attendre
Qu’on passe au repas
Des larbins, six doryphores
Des plus séduisants
Ont mis la table où phosphorent
Trente vers luisants `

Et sans cesse les convives
Chantent vivent, vivent
Vivent les époux…

Bourdons, charançons, cétoines
De bon appétit
Tartinent la macédoine
Sur le clafoutis
Le cousin que sa cousine
Ne quitte pas des yeux
Fait la cour à sa voisine
La bête à bon Dieu

Et sans cesse les convives
Chantent vivent, vivent
Vivent les époux…

Les moustiques s’entremordent
Grisés de muscat
Déjà la cigale accorde
Son harmonica
La fourmi sur une corde
Dansant la polka
Atterrit Miséricorde…
Dans le tapioca

Et sans cesse les convives
Chantent vivent, vivent
Vivent les époux…

Nul devant ‘a tarte aux fraises
Ne fait de quartier
Seul le pou file à l’anglaise
Avec sa moitié
Quel beau voyage de noces
Nos époux feront
On a taillé leur carrosse
Dans un potiron

Et sans cesse les convives
Chantent vivent, vivent
Vivent les époux…

Les nuages

Les jolis nuages blancs
Qu’on voit se promener dans le ciel d’un pas nonchalant
Sont les ail’s des p’tit bateaux
Qui pêchaient la sardine et qui ont chaviré sous les flots

Les p’tits bateaux
À tire-d’aile
S’en vont là-haut
Avec nos regrets éternels
Naviguer dans les portes du ciel

Les jolis nuages roses
Qu’on voit mousser au vent abritaient de bien douces choses
Sont les rob’s des fiancées
Trouvées mortes un beau jour pour avoir été délaissées

Les fiancées
Au coeur fidèle
S’en vont danser
Coiffée de lys et d’immortelles
Pour entrer dans les couvents du ciel

Les jolis nuages bleus
Qui passent fièrement et marchent en colonn’ deux par deux
Sont les tuniqu’s enrôlées
Des p’tits soldats du roi morts au beau milieu d’ la mêlée

Le p’tit soldat
Pleurant sa belle
Prend son barda
Et s’en va l’arme à la bretelle
Défiler sous les portes du ciel

J'ai connu

J’ai connu ceux qui croient
Qu’il y a sous la terre
Un empire des morts
Avec ses rois, ses Dieux
Ses chevaux et ses fous
Ceux qui croient que la mort
Est un taureau furieux
A qui il faut livrer
Tous les jours des enfants

J’ai connu tous ceux-là
Mais je n’ai pas compris
Le secret de la mort

J’ai connu ceux qui croient
Qu’on ne naît pas tout neuf
Mais qu’on meurt pour revivre
Une nouvelle vie
Ceux qui croient que la mort
Est une femme blonde
Qui les emportera
Au pays des guerriers
Pour des noces sans fin’

J’ai connu tous ceux-là
Mais je n’ai pas compris
Le secret de la mort

J’ai connu ceux qui croient
Qu’au profond de la mer
Des marins engloutis
Épousent des sirènes
Ceux qui croient que les morts
Reviennent sur la terre
Houspiller les vivants
Qui gaspillent le pain
Et maltraitent les chats

J’ai connu tous ceux-là
Mais je n’ai pas compris
Le secret de la mort

J’ai connu ceux qui croient
Qu’une étoile filante
Prophétise la mort
D’un homme solitaire
Ne sachant plus pleurer
Et j’ai connu ceux qui
Disent que la mort
Vient après la naissance
Mais avant la sagesse

J’ai connu tous ceux-là
Mais je n’ai pas compris
Le secret de la mort

Qui parfois doucement
De sa main décharnée
Protège un papillon
En hommage à la vie

Impossible fortune

J’exerce un métier qui freine mon départ
Pour la fortune
Car je suis observateur de nénuphars
Au clair de Lune
Compter les écus ça n’est pas mon lot
A part ceux qu’on voit briller sur les flots
Quand la lune paie en rayons comptants
Les Pierrots qui rêv’nt alentours des étangs

J’assume un amour non passé par devant
Monsieur le maire
Car ma femme et moi nous avons plus souvent
Bien mieux à faire
Nous avons le temps de nous préparer
Au discours du maire à l’orgue du curé
Et nous écoutons grillons et crapauds
Joueurs de crécelles et sonneurs de pipeaux

Tels sont mes travaux, telles sont mes amours
Que la vie contient de charmes et d’atours
Dans ces conditions veuillez en convenir
Qu’il est doux de préparer son avenir
Mais pour cela j’ai besoin d’un peu d’argent
J’y consacre mes soins les plus diligents
Quel dommag’ que ma satanée profession
M’empêche toujours de passer à l’action

J’exerce un métier qui freine mon départ
Pour la fortune
Car je suis observateur de nénuphars
Au clair de Lune

Oeil de verre

Un œil de verre
Dans une tête de con
Et l’homme des bois
Sur sa jambe des neiges
Cueille des fleurs artificielles
Dans la forêt vierge

Un œil de bois
Dans une tête de verre
Et l’homme vierge
Sur sa jambe artificielle
Cueille des fleurs à la con
Dans une forêt de neige

Un œil vierge
Dans une tête artificielle
Et l’homme des neiges
Sur sa jambe de bois
Cueille des fleurs en verre
Dans une forêt à la con

Un œil de con
Dans une tête vierge
Et l’homme artificiel
Sur sa jambe de verre
Cueille des fleurs de neige
Dans la forêt de bois

Un œil artificiel
Dans une tête de neige
Et l’homme con
Sur sa jambe vierge
Cueille des fleurs en bois
Dans une forêt de verre

Un œil de verre
Dans une tête de con
Et l’homme des bois
Sur sa jambe des neiges
Cueille des fleurs artificielles
Dans la forêt vierge

Le serpent et le cor de chasse

Un jour, un grand serpent, trouvant un cor de chasse
Pénétra dans le pavillon
Et comme il n’y avait pas beaucoup de place
Dans l’instrument le reptile se tasse
Mais, terrible punition
Quand il voulut revoir le grand air et l’espace
Et la vierge forêt au magique décor
Il eut beau tenter maint effort
Il ne pouvait sortir du cor
Le pauvre boa constrictor
Et, pâle, il attendit la mort

Moralité
Dieu! comme le boa est triste au fond du cor